Comment se débarrasser de l’ombre malade et paternelle afin de se réparer enfin, de réparer la beauté qui reste et de protéger celle que l’on a fait naître ? Telle est la question existentielle, ainsi que sa conclusion lacrymale, de Profession du père, roman paru chez Grasset 2015, adapté et dessiné ici de façon pudique, respectueuse, par Sébastien Gnaedig aux éditions Futuropolis. Cette reprise du texte terrible et personnel de Sorj Chalandon parle très bien de cette lobotomie mentale, affective, subie par l’auteur durant l’enfance et l’adolescence, ce dernier saluant justement la délicatesse de l’adaptation dans la préface : « « Mon Dieu, le pauvre gosse ! », j’ai murmuré en tournant ces pages. Le dessinateur avait donné vie à Émile. Tout en protégeant le gamin que j’étais ».
Rarement un roman graphique a été aussi bouleversant : lisez-le.